La muse
Les Muses sont les neuf filles de Zeus et Mnémosyne.
Elles chantent des chants divins pour le plaisir des dieux
en des lieux consacrés. Sur le tableau, elles forment une
ronde et accompagnent de leur chant Apollon jouant de la
lyre, à gauche en l’honneur des amours de Mars et Vénus.
Tableau de Mantegna “Vénus et Mars, ou Le Parnasse” ( 1497, Paris, Musée du Louvre)
Les Muses sont souvent la source de l’inspiration poétique
et toutes les activités intellectuelles. Chacune est associée à
une discipline et traditionnellement représentée avec
des attributs symboliques.
Calliope pour la poésie épique ( trompette, tablette, stylet),
Clio, pour l’histoire ( trompette, livre, rouleau de parchemin), Polymnie, pour les hymnes héroïques ( instrument de musique), Euterpe, pour la poésie lyrique ( souvent une flûte),
Terpsichore, pour la danse ( lyre),
Erato, pour la poésie amoureuse
(instruments à corde ou tambourin),
Thalie, pour la comédie ou la poésie légère
( rouleau de parchemin, masque, couronne de laurier, bâton),
Uranie pour l’astronomie ( globe terrestre et compas),
Melponème, pour la tragédie (
sceptre et des couronnes,
poignard ensanglanté).
Il n’y a pas de muse pour les arts plastiques,
la peinture et la sculpture ayant longtemps été considérés
comme des savoir-faire artisanaux.
Inspiratrice de l’artiste, la Muse est un motif présent dans de nombreux tableaux et poèmes, notamment à partir
de la Renaissance. Par exemple, dans la "Nuit de Mai", D'Alfred
de Musset, le poète évoque un dialogue entre lui et sa muse.
[ La Muse ]
Poète, prends ton luth; le vin de la jeunesse
Fermente cette nuit dans les veines de Dieu.
Mon sein est inquiet; la volupté l'oppresse,
Et les vents altérés m'ont mis la lèvre en feu.
Ô paresseux enfant! regarde, je suis belle.
Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas,
Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile,
Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras?
Ah! je t'ai consolé d'une amère souffrance!
Hélas! bien jeune encor, tu te mourais d'amour.
Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance;
J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour.
[ Le Poète ]
Est-ce toi dont la voix m'appelle,
Ô ma pauvre Muse! est-ce toi?
Ô ma fleur! O mon immortelle!
Seul être pudique et fidèle
Où vive encor l'amour de moi!
Oui te voilà, c'est toi ma blonde,
C'est toi, ma maîtresse et ma soeur!
Et je sens, dans la nuit profonde,
De ta robe d'or qui m'inonde
Les rayons glisser dans mon cœur.
De même, dans "L'entousiasme" de Lamartine.
"Muse, contemple ta victime !
Ce n'est plus ce front inspiré,
Ce n'est plus ce regard sublime
Qui lançait un rayon sacré :"
Ou encore dans "Lamaison du Berger II", D'Alphred de Vigny
"La Muse a mérité les insolents sourires
Et les soupçons moqueurs qu'éveille son aspect.
Dès que son œil chercha le regard des satyres,
Sa parole trembla, son serment fut suspect,
Il lui fut interdit d'enseigner la sagesse,
Au passant du chemin elle criait : " Largesse ! "
"Ah ! fille sans pudeur, fille du saint Orphée,
Que n'as-tu conservé ta belle gravité !
Tu n'irais pas ainsi, d'une voix étouffée,
Chanter aux carrefours impurs de la cité ;"
Les poètes ont donc beaucoup évoqués le personnage
de la Muse dans leurs poèmes car c'est un personnage
à l'origine de l'inspiration lyrique et artistique.
C'est aussi un personnage souvent mis en relation
avec le poète lui-même, car dans l'antiquité, la muse
était l'inspiratrice des grands poètes.