Et la mer et l'amour.., Marbeuf                

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère et l'amour est amer,
L'on s'abîme en amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.


Pème p53, époque "Classicisme et baroque"

Pourquoi nous avons choisi ce poème et en quoi
est-il lyrique et ?

Nous avons choisi ce poème car les jeux de mots ont retenu
notre intention, ainsi nous avons voulu l'analyser davantage.
Le thème centrale de ce poème est la passion amoureuse
ambivalente. En effet, ce sentiment procure autant de plaisir
que de souffrance. C'est un thème récurrent de la
littérature, celui de la passion destructrice et de l'amour
idéalisé que l'imaginaire occidental utilise depuis le XIIe
siècle avec le roman de Tristan et Yseut. La passion dont
dans ce poème est une souffrance, une perte de liberté
et de paix intérieure « l'amour est amer », « L'on s'abîme » ,
« qu'on souffre pour aimer » ,
« Ton amour qui me brûle est si fort douloureux »
« de mes larmes ».

Les images des vers 9 et 10 : "La mère de l'amour eut la mer
pour berceau, " Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau."

Marbeuf fait allusion à la mythologie grecque et romaine.
"La mère de l'amour" est Vénus ou Aphrodite. Selon la légende,
elle est née, nue, de l'écume de la mer. Cette naissance est
représentée dans le tableau de Sandro Botticelli,
La naissance de vénus, œuvre de 1485. Le dieu de l'amour
est Cupidon ou Éros, fils de Vénus et de Mars.
Traditionnellement, la passion amoureuse qu'inocule le Dieu
Cupidon est décrite sous le nom de feux, de flammes car elle
embrase l'imagination et le cœur. Enfin l'opposé du feu est
l'eau ou la glace. La première éteint les flammes, la seconde
compense la chaleur.
Par ailleurs, des oppositions sont présentes. On les trouve à la
fin du poème, elles concernent l'eau et le feu ici rattachés aux
larmes pour l'eau, et à l'amour pour le feu (feu de la passion).
D’autre part, Marbeuf joue avec le langage aussi bien dans ses
aspects visuels que sonores : ainsi
« aimer » est visuellement proche d'« amer » et d'« amour ».
« Amer » possède les mêmes phonèmes que « la mer » ou
« la mère » ; « eaux » est repris en écho par « maux », « armes »
est repris par « larmes ». Au-delà de la ressemblance des mots, Marbeuf joue sur les sens. Par exemple, la mer est amère
(il est fait allusion au sel de la mer), mais les larmes sont
aussi salées. Ainsi nous nous promenons par association
d'idées entre des réalités très symboliques : le feu, l'eau qui
renvoient à des concepts abstraits comme l'amour,
la souffrance. Ce poème est donc lyrique car de nombreux
thèmes, notamment l'amour et la mort, sont présents.

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Sur le site d'Adeline B et d'Alicia B, réalisé dans le cadre d'un travail de français sur le lyrisme.

Les poèmes choisis